Hier, j’écrivais quelques mots sur George Floyd comme je l’avais fait pour les autres auparavant mort en France ou aux États-Unis.
Chaque mort sonne comme un bis repetita à mon oreille, ma colère est intact.
Une colère qui se nourrit de toutes ces atrocités.
J’écris , je dénonce et surtout j’observe.
J’observe comment la société n’évolue pas.
J’observe comment bons nombres de noirs en France veulent lisser leur identité, passer inaperçue.
Ils agissent au final comme l’oppresseur, justifiant l’acte par le contexte.
Niant le caractère raciale de ces actes.
Être accepté, intégré à tout prix.
Être irréprochable, se fondre dans la masse, être quasiment invisible pour ne pas déranger.
J’observe les combattants ayant perdu un frère , un fils , une sœur , une mère à cause de ceux censés nous protéger.
Je les vois rien lâcher, aller contre vents et marées pour défendre l’honneur des êtres chers perdus.
Des hommes et des femmes victimes d’un storytelling médiatique dramatique justifiant implicitement les morts par les délits ou pseudo passif judiciaire : délinquant , repris de justice , jeune de banlieue, déscolarisé, vendeur de drogue.
Jeune noir(e) qui meurt à cause de la police en France, cela n’existe pas officiellement. Ici, nous parlons d’accident , malaise cardiaque, antécédents médicaux, insuffisance cardiaque et j’en passe. La police coupable ? En France, jamais.
Les exemples ne sont plus à établir tellement, il y en a.
Aux États-Unis n’en parlons même pas.
Les institutions ont une part non négligeable dans cette situation puisqu’elles refusent de remettre en cause les policiers puisque cela serait un désaveu de leur part.
Alors, elles font la sourde oreille, enferment ceux qui réclament, détruisent ceux qui refusent de se plier à leurs exigences: La famille Traoré en est l’exemple parfait.
Les morts s’accumulent de notre côté mais la justice refuse d’agir. Une justice à deux vitesses.
Je ne pense pas que de nouveaux morts ne viendront pas s’ajouter à cette longue liste puisque le problème est très profond et remonte au « temps béni des colonies ». Un temps qui même s’il est révolu a laissé des stigmates dans la manière dont l’histoire nous est enseignée, dans la société civile, dans les rouages judiciaires. Des stigmates venus s’additionner aux autres injustices sociales.
Il faut déconstruire, instruire et imposer une autre lecture des choses.
L’histoire de France qui nous est racontée est partiel et partial, ne mettant en avant que les points forts et avantageux pour elle.
Elle oublie son passé esclavagiste, sa participation au commerce triangulaire, ses colonies dans le monde entier. Elle a fait des racistes et des esclavagistes des héros de la nation. Les noms d’abolitionnistes qui ornent les rues de nos « départements d’outre-mer » alors qu’ils ont été les alliés des colons devenus propriétaires.
L’histoire est tronquée.
Le mal est profond et se reflète dans tous les domaines et secteurs de nos sociétés à l’heure actuelle, des hommes noirs vont encore mourir.
La mort de George Floyd aux États-Unis, celle d’Adama Traoré en France ont de nombreuses similarités sauf que celle d’Adama n’a pas été filmé .
Queenyy.