Célébrée ce vendredi 17 mai, la Journée internationale de la lutte contre l’homophobie, la transphobie et la biphobie sensibilise à la diversité sexuelle et de genre. À l'approche des Jeux Olympiques de Paris 2024, elle met en lumière les défis et les avancées en matière d'inclusion dans le sport.
La Journée internationale de la lutte contre l’homophobie, la transphobie et la biphobie, qui s'est tenue ce vendredi 17 mai, marque un moment important pour sensibiliser le grand public aux enjeux de la diversité sexuelle et de genre. Cette date fait référence au 17 mai 1990, lorsque l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a retiré l'homosexualité de la liste des maladies mentales. Depuis son initiation en 2003 par la Fondation Émergence au Québec, cette journée vise à promouvoir l'inclusion et le respect des personnes LGBTQ+. À l'approche des Jeux Olympiques de Paris 2024, cette dernière prend une dimension particulière, soulignant les défis et les progrès en matière d'inclusion dans le monde du sport.
L’inclusion LGBTQ+ aux Jeux Olympiques.
Les Jeux Olympiques sont une compétition multisports mondiale, mais aussi une célébration mondiale de la diversité et de l'excellence athlétique. Paris 2024 entend réaffirmer son engagement contre toutes formes de discrimination. Le 17 mai 2023, l'emblème des Jeux s'est paré des couleurs du rainbow flag pour la Journée mondiale contre l’homophobie, la transphobie et la biphobie, symbolisant le soutien aux membres de la communauté LGBTQ+. Cette initiative démontre que les Jeux sont ouverts à tous, conformément aux principes de non-discrimination qui sont au cœur des valeurs olympiques et paralympiques. De plus, Paris 2024 prévoit la création de la Maison des Fiertés, un lieu dédié pendant les Jeux pour célébrer et soutenir les athlètes et supporters LGBTQ+.
Les défis dans le monde du sport.
Le monde du sport, notamment les sports d'équipe, reste souvent imprégné de préjugés et de discriminations. Les sports d’équipe, en particulier, n’ont pas la réputation de se montrer accueillants envers les personnes LGBTQ+. Le système sportif s’est développé sur la présomption d’hétérosexualité de tous les athlètes. En apparence, cela semble vrai : on connaît très peu de personnes LGBTQ+ dans les équipes professionnelles. Par conséquent, il est souvent supposé que l'homosexualité n’existe pas dans ces environnements.
D'autre part, les sports individuels offrent une plus grande latitude pour les sportifs et les sportives qui veulent dévoiler leur orientation sexuelle sans que leur carrière ne soit compromise. Néanmoins, ces athlètes doivent encore faire preuve de beaucoup de courage et de détermination pour faire leur coming out. En effet, certain.e.s craignent de perdre leurs commanditaires et le soutien de leurs fans, ce qui peut avoir des répercussions importantes sur leur carrière.
Le passage aux vestiaires.
Le passage aux vestiaires représente souvent la première prise de conscience des tabous liés à la sexualité dans le monde du sport. Beaucoup de personnes LGBTQ+ ont des expériences négatives avec cette mise à nu, où elles font la découverte des moqueries et de l’homophobie et la transphobie. Les vestiaires et les douches, en particulier, peuvent être des espaces non sécuritaires pour ces personnes. L'atmosphère parfois toxique de ces lieux souligne la nécessité d'installer des locaux non genrés ou des cabines individuelles pour se changer et se doucher, rendant le milieu du sport plus accueillant pour ces dernier.e.s.
Lutter contre le silence.
La lutte contre les préjugés est l’affaire de toute la société. Toutes et tous sont invités à rompre le silence qui entoure la question de l’orientation sexuelle et de l’identité de genre dans le monde du sport. Cela inclut le silence des personnes qui sont la cible de plaisanteries et de moqueries, le silence entourant les blessures morales infligées aux personnes LGBTQ+ résultant de leur exclusion, et le silence sur l’obligation de cacher son orientation sexuelle dans le milieu du sport. Parler de ces réalités est essentiel pour créer un environnement inclusif.
Le silence des acteurs du monde du sport, qui nient souvent l’existence des réalités des minorités sexuelles et de genre, doit également être brisé. Les médias ont une immense responsabilité à cet égard. Ils doivent rompre le silence relatif à la diversité sexuelle, notamment en donnant de la visibilité aux athlètes hommes trans et en dénonçant les comportements homophobes et transphobes.
Les chiffres de l’étude.
Les chiffres parlent d'eux-mêmes. En effet, dans une étude réalisée en 2014 dans six pays anglophones, dont les États-Unis, le Canada et le Royaume-Uni, 44% des hommes gays adultes ont dit cacher leur orientation de peur d'être rejetés par leurs coéquipiers. De plus, selon un sondage effectué en 2010 par la Fondation Émergence, 78% des Québécois et 72% des autres Canadiens trouvent que dans le monde du sport, la question de l’homosexualité est gardée sous silence. Un Canadien sur cinq pense que le fait de connaître l'orientation sexuelle d'un athlète influencerait l'appréciation que le public se fait de cet athlète de façon négative, et un tiers des Canadiens pensent que les sportifs gays n'ont pas une chance de réussir leur carrière comparable aux sportifs hétérosexuels. Enfin, 61% des répondants sont d'accord avec le fait que le monde du sport est un milieu peu accueillant pour les hommes homosexuels, et 45% pensent qu'il est peu accueillant pour les lesbiennes.
Jérémy Stravius, un exemple de courage.
Le documentaire « Faut qu’on parle », diffusé sur Canal+ en 2021, met en lumière le courage de six sportifs français de haut niveau qui ont révélé leur homosexualité pour la première fois face caméra. Parmi eux, le nageur Jérémy Stravius, qui craignait que son coming out ne change ses relations dans le milieu de la natation. « Si demain je l’avoue, est-ce que les relations au sein de l’équipe de France seront bonnes ? » s'interrogeait-il, ou encore « j’imaginais que certaines personnes allaient se dire, on est dans le vestiaire, il est en train de me mater ». En couple depuis huit ans, Stravius se dit fier de pouvoir présenter son petit ami José et leurs trois chiens face caméra, bien qu'il reconnaisse que « le chemin ne fait que commencer ».
Les initiatives de Paris 2024.
Paris 2024 a pris des mesures concrètes pour promouvoir l'inclusion et lutter contre les discriminations. La signature de la Charte d’Engagement LGBT+ en 2018 par le Comité d’Organisation des Jeux Olympiques et Paralympiques montre une volonté de créer un environnement de travail exemplaire et inclusif pour tous les collaborateurs et volontaires. Tony Estanguet, président de Paris 2024, a souligné que la lutte contre les discriminations se joue sur tous les terrains et que les valeurs de respect et de fraternité véhiculées par le sport doivent être renforcées pour combattre les stéréotypes.
La Maison des Fiertés, pilotée par l’association Fier-Play en collaboration avec Paris 2024, sera un espace sûr, identifiable et accueillant pour tous. Elle permettra aux athlètes de s’exprimer librement sur les sujets liés à la diversité sexuelle et de genre et de rencontrer leurs supporters. Ce lieu visera à sensibiliser sur l’inclusion des personnes LGBTQ+ dans le monde du sport, à célébrer les performances des athlètes LGBTQ+, et à laisser en héritage une approche plus inclusive du sport au niveau international.
La Position d'Amélie Oudéa-Castéra, ministre des Sports et des Jeux Olympiques et Paralympiques.
La ministre des Sports et des Jeux Olympiques et Paralympiques, Amélie Oudéa-Castéra, a répondu aux questions des internautes, la semaine dernière, dans une interview avec Konbini, disponible sur YouTube. À la question « Quelle est votre position sur les athlètes trans écartés des JOP ? », elle a répondu : « Il y a une exigence, une volonté d’inclusion des athlètes transgenres et en même temps de respect de l’équité sportive qui est évidemment au cœur de l’aventure olympique. Il y a des fédérations qui excluent totalement la participation des athlètes transgenres. De l’autre côté, il y a des fédérations qui l’autorisent complètement, y compris pour les JO. Et puis, au milieu, il y a des fédérations qui acceptent mais si on respecte certains critères, notamment des taux de testostérone mais ce ne sont pas toujours les mêmes taux, ils ne sont pas observés sur la même période, donc il y a une grosse hétérogénéité dans les règles. Des athlètes transgenres qui respectent les règles qui sont posées par les fédérations internationales ont vocation à participer aux Jeux, bien sûr. Moi, à l’échelle nationale, j’ai aussi monté un groupe de travail avec le professeur Toussaint avec Sandra Forgues, une athlète trans, une grande championne en canoë, qui nous aide à réfléchir à ça pour que demain, dans la place du sport en France, on ait vraiment de la clarté pour les personnes transgenres. »
Ces déclarations d'Amélie Oudéa-Castéra témoignent d'un engagement fort en faveur de l'inclusion des athlètes transgenres tout en maintenant l'équité sportive.
Conclusion.
À l’approche des Jeux Olympiques de Paris 2024, la Journée internationale de la lutte contre l’homophobie, la transphobie et la biphobie rappelle l'importance de l'inclusion et du respect dans le sport. En brisant le silence et en prenant des mesures concrètes, nous pouvons créer un environnement où tous les athlètes, indépendamment de leur orientation sexuelle ou de leur identité de genre, peuvent s’épanouir. Les initiatives de Paris 2024 montrent la voie vers un avenir sportif plus inclusif, où la diversité est célébrée et respectée. En unissant nos efforts, nous pouvons faire des Jeux Olympiques un événement véritablement inclusif, reflétant les valeurs d'égalité et de respect pour tous.