#BalanceTonInfluenceur : Cette méthode est-elle la bonne?

« L’heure est arrivée, ce soir toutes ces mauvaises personnes des réseaux sociaux vont être dénoncées »Maxime Skye
Maxime Skye, influenceur à l’origine de l’hashtag

Le hashtag, comme ses prédécesseurs, vise à témoigner des agressions, harcèlements, remarques déplacées ou comportements inappropriés restés, jusqu’ici, sous silence. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que, malheureusement, il y avait des choses à dire… Plus de 60 000 tweets ont été enregistrés en 24 heures faisant du hashtag #BalanceTonInfluenceur l’un des plus utilisés sur les réseaux sociaux. « L’heure est arrivée, ce soir toutes ces mauvaises personnes des réseaux sociaux vont être dénoncées ». C’est ce qu’à déclaré Maxime Skye sur Telegram.  Si la cause est bien évidemment plus que louable, il survient cependant plusieurs problèmes… Et pas des moindres.

Dans la très grande majorité des accusations ou des captures d’écrans de conversations partagées sur les différentes plateformes, il n’y a jamais de traces claires de plaintes ou d’une quelconque procédure judiciaire. D’autant plus qu’il est extrêmement difficile de vérifier ces accusations, qui datent pour beaucoup, de plusieurs années auparavant. Et, dans notre système juridique, une accusation sans aucune preuve, ça n’est rien de moins que de la diffamation.

« D’ailleurs, ton âge c’est pas mon problème. T’as qu’à pas être bonne. »Amaru, screen publié par Héléna

Alors sur quel pied danser ? Réelle préoccupation ou beaucoup de bruit pour pas grand chose? Prenons l’exemple du principal concerné, un influenceur Twitch et TikTok connu sous le pseudo d’Amaru (Elias de son prénom). Le vidéaste est accusé de comportements pour le moins « inappropriés » en discussion privée sur les réseaux. Une internaute du nom de @r0np1ch a posté sur Twitter une capture d’écran de conversation privée lorsqu’Amaru avait 21 ans et elle 17. L’influenceur lui avait envoyé « D’ailleurs, ton âge c’est pas mon problème. T’as qu’à pas être bonne. ». Ce sont ce type de comportements qui sont, dans la majorité des cas rapportés via le hashtag.

Une petite quinzaine d’influenceurs, plus ou moins connus, sont visés depuis vendredi dernier. Parmi eux, DirtyBiology alias Léo Grasset ou encore Arthur Lombard de la chaîne Studio Danielle.

Mais dans un premier temps, comment s’assurer de la véracité de chaque accusation ? Ensuite, comment punir justement des comportements qui datent bien souvent de plusieurs années ? Et enfin, peut on réellement avoir totalement connaissance de toute la situation avec une ou deux captures d’écran ? Autant de questions épineuses qui freinent l’impact idéalement espéré de ce genre de mouvements. Un autre problème se pose alors…

« J’espère que cela n’aura pas servi à rien et qu’on aura aidé des victimes et protéger de potentielles futures victimes. »Maxime Skye

Dans le cas où ces accusations seraient fausses ou inventées, elles contribuent à « entâcher » la réputation de personnalités publiques et cela peut avoir de graves conséquences sur leurs vies. Si le fait que ces comportements doivent être punis reste une évidence, la méthode utilisée pose réellement question. Une déferlante d’accusations vaseuses sur les réseaux sociaux n’est peut-être pas la meilleure façon de s’attaquer à ce problème qui continue de gangréner internet. D’autant plus que pour beaucoup, le mouvement « décrédibiliserait » la cause du fait de sa nature trop directe, agressive et diffamatoire.

Maxime Skye, de son côté, s’est félicité d’avoir « réussi à rétablir la vérité sur ces porcs d’influenceurs”, “j’espère que cela n’aura pas servi à rien et qu’on aura aidé des victimes et protéger de potentielles futures victimes. » a-t-il déclaré.

A contrario, le reportage “L’arnaqueur de Tinder” sorti en 2022 retrace des années de preuves, d’enquêtes, d’événements etc… Si il est très difficile et surtout bien plus long de réaliser ce genre de documentaires, l’impact est alors ressenti de manière plus légitime, plus factuelle et “L’arnaqueur de Tinder” avait été extrêmement bien reçu. La solution se trouve peut-être dans ce genre de formats plus travaillés pour dénoncer ce genre de problématiques. Quoi qu’il en soit, pour s’assurer de ne pas desservir la cause, il serait au moins intéressant de se poser la question.

Enzo Paepegaey