Le 31 juillet dernier, le président de la République Démocratique du Congo, Felix Tshisekedi était en Belgique pour soigner une hernie discale, comme en 2022. Le faisant rater cette fois-ci la commémoration du Génocost ayant eu lieu le 02 août. 

Cela a suscité beaucoup d’indignation sur les réseaux sociaux. Certains reprochant à « Fatshi » son goût pour les voyages et d’autres mettant en avant le constat d’échec. En effet, comment se fait-il que le président d’un pays soit obligé de changer de continent pour soigner une hernie discale ? Être en bonne santé au congo, intimement lié à la capacité de voyager ?

La République Démocratique du Congo a environ 500 hôpitaux publics dont 80 rien que dans la ville de Kinshasa. Une ville qui compte un peu plus de 17 millions d’habitants. Ce qui fait un plus ou moins ratio de 955 habitants par lit. À titre de comparaison, en Île-de-France et ses 12,3 millions d’habitants le ratio est de 205 habitants par lit.

Néanmoins, concentrons nous sur les 5 plus grands du pays, l’Hôpital Général de Référence de Kinshasa (HGRK), plus connu sous le nom « Hôpital Mama Yemo ». Celui-ci contient environ 2000 lits et 2500 employés. Les frais de consultation peuvent varier de 5 000 à 10 000 francs congolais (ce qui revient environ à un prix entre 2,5 à 5 dollars). Les coûts de soins et d'hospitalisation dépendent du service et de la durée du séjour, avec des frais d'hospitalisation variant de 10 000 à 50 000 francs congolais par jour (environ 5 à 25 $). 

Nous avons également l’Hôpital Provincial Général de Référence de Lubumbashi. Doté d’une capacité d’accueil d’environ 700 lits, le prix d’admission est généralement entre 5 000 et 10 000 francs congolais. Les frais d'hospitalisation varient de 10 000 à 50 000 francs congolais par jour selon les services et les traitements nécessaires

Viennent ensuite l’Hôpital de Référence de la Police, basé à Kinshasa, capacité en Lits : Environ 500 lits, l’Hôpital Provincial Général de Référence de Bukavu, doté d’environ 400 lits et l’Hôpital Général de Référence de Kisangani, qui possède environ 300 lits. La grille tarifaire est globalement la même partout. Du moins officiellement. 

À cela, il faut apporter un complément d’informations, en ce qui concerne les maternités, Les coûts pour un accouchement normal peuvent osciller entre 50 000 et 100 000 francs congolais (environ 25 à 50 $), tandis que les césariennes peuvent coûter entre 100 000 et 300 000 francs congolais (environ 50 à 150 $). Évidemment, si la facture n’est pas soldée, vous ne quittez pas l’hôpital. 

Quelles sont les failles concrètes des hôpitaux congolais ?

Nous allons nous concentrer sur Kinshasa et son agglomération. 

Dans un premier temps, le manque criant de ressources frappe de plein fouet et condamne donc les kinois à se soigner dans des conditions exécrables.

Il y a une pénurie de personnel médical. Le chiffre exact diffère en fonction des sources mais entre 500 & 1000 personnes sont diplômées de médecines chaque années. C’est peu. Trop peu. Mais à qui la faute ? Aux écoles ? À un salaire trop peu attractif pour le temps d’études accordé ? 

Le salaire médian d'un infirmier à Kinshasa dans un hôpital public est d’environ 200 000 à 300 000 francs par mois, soit entre 90 et 130€. L'infirmier dans un hôpital privé ou une clinique touche environ 300 000 à 500 000 francs par mois soit un salaire allant de 135 à 225€. Tandis qu’un médecin lui, son salaire médian varie en fonction s’il est généraliste ou spécialiste mais également s’il exerce dans le public ou le privé. 

Un médecin généraliste dans le public touche plus ou moins 500 000 à 1 000 000 francs congolais ce qui équivaut à environ 222.22 à 444.44 euros. Là où son homologue dans le privé touche plus ou moins 1 000 000 à 2 000 000 CDF soit environ de 444.44 à 888.89 euros.

En ce qui concerne les médecins spécialistes, une personne qui exerce dans le public touche Un salaire mensuel de 1 000 000 à 1 500 000 CDF donc 444.44 à 666.67 euros. Là où son confrère dans le privé touche lui, un salaire mensuel de 1 500 000 à 3 000 000 CDF soit un salaire allant de 666.67 à 1,333.33 euros.

Pour ne rien arranger, le manque régulier des médicaments essentiels et de matériaux médicaux modernes ne permet pas au congolais lambda d’avoir confiance en la médecine de son pays. Certaines personnalités offrent eux-même des éléments comme a pu le faire Fally Ipupa, qui avait, via son association, offert une ambulance médicalisée. 

En 2022, le budget alloué à la santé par le gouvernement congolais était d'environ 5% du budget national, soit environ 1,5 milliard USD. Ce montant est largement insuffisant pour répondre aux besoins de la population et pour améliorer significativement les infrastructures et les services de santé malgré qu’il soit plus important qu’il ne l’ait jamais été depuis que le pays porte ce nom. Est-ce un choix délibéré de la part de la présidence et du gouvernement ? 

Lorsque Felix Tshisekedi va dans les divers hôpitaux étrangers, ne ressent-il pas un pincement au coeur lorsqu’il pense à sa ville et ses hôpitaux ? Nous pouvons en dire autant pour l’aéroport de Kinshasa qui a plus des allures d’aérogares que d’aéroport. 

En mettant en œuvre ces solutions, la RDC pourrait considérablement améliorer la qualité des soins de santé, la gestion des hôpitaux, et les conditions de travail pour les professionnels de la santé, tout en augmentant l'accès aux soins pour l'ensemble de la population.

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