Suite à l’attaque surprise du Hamas contre Israël le 07 octobre dernier, les croyants du monde entier sont témoins du chaos humanitaire, religieux et géopolitique qui se déroule au Moyen-Orient. Les réactions des représentants des 3 grandes religions monothéistes se multiplient aux quatre coins du monde et leur appel est unanime : la paix doit s’établir.
Rappel des faits
Il y a plus d’un mois, le Hamas, mouvement islamiste et nationaliste palestinien basé à Gaza, a commis un massacre sur le sol israélien tuant des centaines de civils : hommes, femmes et enfant ainsi qu’une prise d’otages de personnes aux multiples nationalités. Ce n’est pas une guerre comme Israël a déjà connu : cette fois-ci c’est une organisation armée qui s’attaque à un Etat qui se pensait invincible. Israël, cette démocratie abîmée est en pleine crise politique : le gouvernement radicalisé de Benyamin Netanyahou, la colonisation et les violences accrues vis-à-vis des populations palestiniennes sont les éléments détonateurs d’une crise majeure à venir.
Histoire du conflit
C’est à la fin du XIXème siècle que naît l’idée de fonder un état hébreu en réponse au pogrom dont les juifs sont victimes en Europe Orientale, Centrale et à l’antisémitisme qui gangrène la France, illustrée par l’affaire Dreyfus. C’est lors du Congrès du mouvement sioniste, que son fondateur, le journaliste Théodore Hetzel choisi la Palestine pour y implanter le premier état.
A la fin de la 1ère Guerre mondiale, puis en 1945, l’immigration juive s’intensifie. En 1947, les juifs d’Europe représentent les 1/3 de la population palestinienne. L’ONU nouvellement créée, vote un plan de partage du territoire palestinien dans lequel deux états doivent émerger : un juif et un arabe en plus d’une zone internationale autour de Jérusalem. Les arabes rejettent le plan, le 14 mai 1948, l'État d’Israël est proclamé unilatéralement. Dès le lendemain, les États arabes frontaliers (l’Egypte, la Transjordanie, la Syrie, l’Irak et le Liban) lui déclarent la guerre qu’ils perdent en 1949. S’ensuit alors la Nakba, terme arabe qui signifie la « catastrophe », exil forcé de 750 000 palestiniens chassés de leur terre natale. Quelques années plus tard, le pouvoir israélite remporte la guerre des Six jours et élargit encore plus ses frontières, s’octroyant les territoires de Cisjordanie : Gaza et Jérusalem -Est, le plateau du Golan à la Syrie, et le Sinaï à l’Egypte. Installation provisoire qui devient au fil des décennies définitive.
Les accords de Camp David, engagement pris à la fin des années soixante-dix entre le président égyptien de l’époque, Anouar Al-Sadate et le premier ministre israélien, Menahem Begin, apportent une lueur d’espoir. Ces derniers ont pour objectif la pacification des deux nations, but atteint : l’Egypte devient le 1er pays arabe à faire la paix avec Israël qui, de surcroît, récupère le Sinaï en contrepartie.
Les Etats-Unis qui se dressent comme les médiateurs des relations israélo-palestinienne, arbitrent en 1993 les Accord d’Oslo entre Yasser Arafat et Yitzhak Rabin, avancée majeure pour les deux contrées qui sera hélas de courte durée. L’assassinat d’Yitzhak Rabin par un juif radical opposé à la rétrocession des terres palestiniennes à peine deux ans après l’accord ravive l’engrenage des violences israélo-palestinienne.
Dès lors, c’est la multiplication des affrontements. En 2007 la scission du camps palestinien en deux groupes distincts : le Hamas à Gaza (islamistes) et le Fatah (laïc) de Mahmoud Abbas qui garde le pouvoir en Cisjordanie. Depuis, la succession des gouvernements de droite israéliens ont encouragé la colonisation au mépris des résolutions de l’ONU.
En 2020, un deuxième mouvement de pacification est entamé, entériné par les Accords d’Abraham, fluidifiant les relations avec le Soudan et le Maroc. Présentement, une grande majorité des israéliens ne soutient pas Netanyahou (des partis de gauche jusqu’au centre droit), le pays traverse une crise politique sans précédent, et le personnage controversé empreint de corruption de Benyamin Netanyahou, présage la fin inévitable de son gouvernement en Israël d’ici peu.
Israël, la Terre Sainte
Jérusalem, la trois fois sainte est le berceau des civilisations monothéistes à travers les millénaires.
La cité juive, grand foyer commun des monothéismes, est également le lieu de pèlerinage pour les chrétiens et les musulmans.
Pour les premiers, la ville est liée à la mort et à la résurrection de Jésus, elle apparaît à plusieurs reprises dans la Bible, dans l’Evangile de St Jean. Jésus s’y rend pour fêter la Pâques, y vit ses derniers jours sur terre jusqu’à sa crucifixion et sa résurrection. Au commencement de l’ère chrétienne l’empereur Constantin y érigera les lieux saints en souvenir des derniers jours du Christ.
Pour les seconds, Jérusalem est le lieu de départ du prophète Mohamed pour son « Voyage Céleste » avant de revenir à La Mecque pour y raconter son expérience mystique, faisant d’elle la troisième ville sainte après Médine et La Mecque. En effet, avant de se tourner vers la Mecque pour prier, le prophète dirigeait ses prières vers Jérusalem, pour les musulmans, Jérusalem représente l’aboutissement de la spiritualité.
Le retentissement du conflit israélo-palestinien sur les croyants des terres limitrophes d’Israël
Depuis les opérations « déluge d’Al-Aqsa », nom de l’attaque lancée par le Hamas le 07 octobre dernier, de nombreux édifices religieux dont 32 mosquées ont été détruites dans la bande de Gaza. Un raid aérien a visé la mosquée Al-Noor Al Mohammed, dans le quartier de Sheikh Radwan à Gaza, a rapporté le ministère de l’Intérieur de l’enclave et l’agence de Turquie Anadolu. Les églises libanaises alertent et manifestent leur volonté d’affirmer une neutralité mais le Hezbollah, l’organisation terroriste de Beyrouth, souffle sur le conflit. Dans leur communiqué, les dirigeants chrétiens du Liban condamnent « le permis de tuer » donné par l’Occident à Netanyahou, les atrocités commises par la Hamas contre les civils et le rôle du mouvement pro-iranien qui risque de faire pénétrer les affrontements sur le territoire libanais. Ils savent qu’une guerre aurait des conséquences catastrophiques pour la présence chrétienne en Orient, déjà menacée par les hémorragies humaines qui ont frappé l’Irak et la Syrie, ayant pour future conséquence un nouvel exode.
Quid du dialogue inter religieux ?
Les exactions des dernières semaines ont suscité de nombreuses réactions des chefs religieux tant sur le plan international qu’au sein de l’hexagone. Le pape François réclame la libération des otages et fait part de ses inquiétudes pour le sort des Palestiniens à Gaza, mercredi 11 octobre à la fin de son audience.
L’association « Religion pour la paix » qui promeut le dialogue interreligieux à l ‘échelle international, qui siège à New-York et, présente sur les 5 continents, affirme que la résolution du conflit ne peut se faire que sur l’équité donc le droit de l’Etat d’Israël d’exister et du droit au peuple palestinien à son propre Etat indépendant. Un point de vue partagé par le groupe « Rabbins pour les droits de l’Homme », organisation opérant en Israël qui évoque « que la grande question qui se pose est de savoir si nous nous laisserons entraîner par des concepts qui se sont révélés nocifs à maintes reprises ou si nous nous tournons vers quelque chose de fondamentalement différent, une voie qui garantira non seulement notre paix mais aussi la leur, notre avenir et le leur, notre dignité et la leur ».
En France, la discussion interreligieuse se manifeste et les discours se font plus tranquilisant que ceux émanant de la classe politique et certains médias. Le Conseil français du culte musulman appelle à tous les responsables des mosquées et les imams à redoubler de vigilance. « L’Islam ne peut pas accepter des massacres des enfants et des vieillards » affirmait Tareq Oubrou, recteur et imam de la Mosquée de bordeaux sur franceinfo le 13 octobre. Les échanges vont subsidiairement au cœur des régions, jusque dans la région parisienne. En effet, le dialogue est au cœur des préoccupations pour certains hommes de Dieu, comme l’illustre l’association laïque « Amitié juifs et musulman de France » à Ris-Orangis dans l’Essonne (91). L’ouverture à la visite de la synagogue aux jeunes des quartiers est organisée depuis plus de trente ans sous l’égide bienveillante de l’imam Hajj Mouloud El Ouassia et le Rabbin Michel Senfaty, président et co-créateur de l’association.
Garance Massengo