La cause ?
La diffusion d’une vidéo dans laquelle une jeune femme maghrébine tient des propos négrophobes.
Pour mieux comprendre la situation dont Khodia Cissé est victime, il faut remonter à la source de son harcèlement.
Tout d’abord, qui est Khodia Cissé ?
Khodia Cissé est une militante antiraciste, féministe qui se bat contre les violences policières. Elle est très présente sur les réseaux sociaux, notamment sur twitter, où elle dénonce la négrophobie très présente au sein des communauté racisées.
Subissant du cyberharcèlement et après avoir pris conscience du fléau que cela représentait, particulièrement pour les femmes, elle a décidé de créer un compte pour lutter contre le cyberharcèlement. Le but de ce compte est de signaler en masse les propos problématiques, misogynes et sexistes que de nombreuses femmes subissent.
Dès lors, son cyberharcèlement a pris beaucoup plus d’ampleur.
Son action sur Twitter s’axe sur la dénonciation des comportements, propos négrophobes, misogynes et sexistes d’individus ou de groupes d’individus, notamment, celui du “FC Drapeaux”.
Qui sont ces twittos que les utilisateurs de Twitter ont surnommé le « FC Drapeau » ?
Il s’agit, d’une communauté de Twittos abonnés et adhérents à la pensée misogyne, sexiste, homophobe et négrophobe de Bassem Braïki, un snapchatteur controversé originaire de la région lyonnaise.
Une communauté qui attaque avec ferveur chaque personne qui tente de remettre en cause leurs idéaux ainsi que les personnes maghrébines qui sont en relation avec des personnes noires. Elle rejette la mixité.
Khodia Cissé, nous a confié lors de notre échange, être agressée par cette communauté depuis un moment et les récents événements, n’ont rien arrangé .
La semaine où tout a basculé
Tout d’abord, la semaine du 6 juillet, elle publie la vidéo d’une jeune femme maghrébine qui se revendique négrophobe. Dans son tweet, Khodia Cissé, dénonce ce comportement mais cela n’a pas plu à tout le monde…
Puis, le Samedi 11 juillet, vers 13h30, elle reçoit un appel anonyme d’une personne tentant de l’intimider . Elle reçoit dans la journée, plusieurs appels du même type. Ensuite, en début de soirée vers 18h-19h, elle commence à recevoir des messages à caractère sexuel, des personnes lui envoyer des photos de leur sexe.
Khodia Cissé était dans l’incompréhension jusqu’à ce qu’elle se rende compte que la milice de Bassem avait dévoilé sur les réseaux sociaux son numéro de téléphone, des photos d’elle ainsi que son ancien adresse. Le “FC drapeau” a fait de même sur des sites en tout genre comme « Le bon coin » avec des fausses annonces.
Son téléphone n’arrêtait pas de sonner.
De plus, elle a reçu un message d’un homme qui lui dit avoir frappé chez elle sans succès. Heureusement qu’il s’agissait d’une ancienne adresse…
Il s’agit d’un exemple de message reçu par Khodia Cisse suite à la divulgation de ses informations personnelles
Elle nous a confié, qu’au-delà de leur négrophobie; » il s’agit d’une attaque personnelle », ils n’hésitent pas à la mettre en danger.
Le lendemain de ces appels, elle s’est rendu au poste de police pour porter plainte. Les policiers l’ont renvoyé vers une institution gérant les plaintes pour cyberharcèlement puisque ne maîtrisant pas totalement les réseaux sociaux tels que Twitter.
Elle est déterminée à engager des poursuites à l’encontre de ses personnes, elle vient d’ailleurs de mettre en place une cagnotte pour les frais de justice.
Analyse :
Deux choses se dégagent de ce sujet : la négrophobie présente dans la communauté maghrébine ainsi que la cible constante que constitue les femmes noires.
Pour le premier point, cette affaire exprime ce que de nombreuses personnes noires subissent au quotidien : une sorte de négrophobie ordinaire, culturelle transmise de génération en génération. Une négrophobie découlant d’une histoire complexe de domination entre noirs et arabes qui se matérialise aujourd’hui par des préjugés. Des préjugés que de nombreuses figures controversées de la communauté maghrébine telles que Bassem Braïki exacerbe à travers des vidéos Youtube, des stories Instagram et plus encore. Leur cible favorite ? Les femmes maghrébines qui ne correspondent pas à leurs idéaux archaïques et qui de surcroît seraient en couple avec des hommes noirs. Elles sont insultées de toute part et subissent un réel harcèlement.
En ce qui concerne les femmes noires, elles sont comme à chaque fois acculées lorsqu’elles osent dénoncer, pointer du doigt ce qui ne va pas. Comme à chaque fois les pires stratagèmes sont mis en place pour les déstabiliser, leur faire perdre pied et surtout les pousser à l’abandon. Il est intéressant de voir l’énergie que les négrophobes mettent pour discréditer une femme noire, faire de sa vie un enfer juste parce qu’elle dénonce des agissements abominables. Le but est simple pousser la masse à détourner le regard, à se concentrer sur l’instant et non sur l’origine des choses. Twitter est le réseau social où ce mécanisme est le plus visible et palpable. Un réseau social où chaque soir, il y un nouveau “scandale”, un nouvel “accusé”, une nouvelle “victime”.
Certains parlent du “Tribunal Twitter”, nous préférons parler d’exacerbation de la réalité. Selon notre analyse, Twitter n’est que le reflet 2.0 de notre société avec ses excès .
L’équipe Trustmag.