Les Flammes : Était-ce une réussite ou un échec total ?


           Si les avis sont tout naturellement divisés, il est indéniable que cette première soirée (et sûrement celle d’une longue lignée) a été une réussite pour ses organisateurs.

Fif & Amadou, les fondateurs de Booska-P

Si cette première édition a été une réussite, c’est tout d’abord grâce à une communication médiatique maîtrisée. L’événement avait souvent été « teasé » avant d’être officiellement annoncée fin 2022 sur le compte Instagram dédié qui rassemble aujourd’hui plus de 63 000 abonnés. C’est aussi grâce à une audience très réactive avec plus de 135 000 votants et un cumule de plus d’un million de spectateurs en direct sur YouTube, Twitch et 6Play. Plusieurs gros médias ont couvert l’évènement, ce qui a créé un sentiment d’évidence autour de l’existence des Flammes.

L’équipe des Flammes a misé sur une liste d’invités phares avec des têtes d’affiches comme Fally Ipupa, Dadju, Aya Nakamura ou encore SCH. Tous ont joué le jeu, que ce soit lors du défilé ou durant la soirée, les spectateurs pouvaient sentir leur enthousiasme. Certains artistes ont même décidé de présenter des titres en exclusivité : Gazo et Damso qui ont ouvert le bal avec « La Rue » ou encore Shay qui a dévoilé son nouveau titre « Commando ».

MONSIEUR NOV
FALLY IPUPA
RONISIA
MONSIEUR NOV
FALLY IPUPA

FALLY IPUPA

Les Flammes étaient souvent comparées aux Victoires du Rap, une comparaison qui semble logique, mais qui est en réalité réductrice et erronée. En effet, lors de cette soirée, une grande variété de genres musicaux ont été célébrés, allant de la musique caribéenne au RnB en passant par la rumba congolaise et la nouvelle pop. Bien que le rap ait été à l’honneur, des artistes tels que Fally Ipupa, Ronisia, Monsieur Nov et Kayna Samet ont également été mis en avant. Cette diversité musicale, généralement ignorée par les autres institutions, a enfin trouvé sa place lors des Flammes. Cette réussite montre que le rap ne commet pas l’erreur des genres qui l’ont précédé en ignorant les genres musicaux qui l’ont influencé.

En ce qui concerne les récompenses, les artistes n’ont pas été les seuls à en recevoir. On a pu voir des trophées pour les réalisateurs de clip, des photographes, des producteurs et plus encore.

Fadily Camara, comédienne et maîtresse de cérémonie des Flammes

En dépit de tout ça quelques problèmes d’organisation sont venus entacher cette belle soirée. On pense par exemple à la diffusion du son dans la salle qui était déplorable. Si les réponses aux blagues lancées par la maîtresse de cérémonie, Fadily Camara, n’ont pas semblé faire rire, c’est uniquement parce qu’une partie de la salle ne pouvait pas les entendre. Ainsi, lorsqu’il a s’agit de présenter coulisses, les spectateurs dans la salle n’avaient pas accès aux images, seulement au son, ce qui n’a pas aidé à vraiment comprendre ce qu’il s’y passait. En bref, ceux qui ont suivi le show sur YouTube ou ailleurs ont finalement vécu une meilleure expérience.

Une question a été soulevée sur les réseaux à propos du lieu de la cérémonie. Maintenant que les rappeurs viennent d’autres villes et non plus seulement de Paris, ce serait intéressant de voir la cérémonie d’Award, elle aussi, faire tomber les barrières géographiques et se tenir sur d’autres scènes. Sur Twitter, les internautes se sont aussi plaints de la présence de l’ancien ministre de la Culture Jack Lang, dont la réputation s’est dégradée depuis des déclarations controversées.

En résumé, cette première édition a été un succès grâce à une bonne ambiance, des artistes qui ont joué le jeu, une audience très enthousiaste. La célébration de plusieurs genres autres que le rap a permis de réunir différentes cultures. Bien sûr, ce n’est pas étonnant qu’une première édition soit sujette à des critiques, mais les deux grands organisateurs peuvent être fiers. Ils ont réussi à installer une cérémonie très attendue qui suscitera certainement de l’engouement pour les années à venir. On peut clairement s’attendre à une édition 2024 des Flammes.

Ntalani Emy