Originaire de Bruxelles, Odrey Shima, surnommée la « Mama Balola », est une chanteuse qui mêle sonorités afro, R&B et musiques congolaises. Sur ses réseaux, la pétillante jeune femme partage avec ses fans sa musique, qui aborde le thème universel de l’amour. Lors d’un entretien, Odrey a accepté de se confier sur son parcours et ses influences.
Aurèle ZELY : Quand as-tu commencé la musique ?
Odrey Shima : Je chante depuis toute petite. J’ai commencé à chanter à l’église en tant que choriste avec mes sœurs. C’est un environnement où l’on fait beaucoup de shows et de lives en groupe. Ces expériences m’ont permis de me former sur le terrain. J’ai commencé à écrire vers mes 16 ans, je dirais. Un « grand frère » qui travaillait à Saint-Josse-ten-Noode (commune de Bruxelles) dans des ateliers d’écriture de rap m’a initiée à cet art. On écrivait des textes sur l’amour, la dépression et plein d’autres sujets pour développer notre plume. C’est à cette période que j’ai commencé à aller en studio.
Aurèle ZELY : Tu es beaucoup entourée ou tu fais beaucoup de choses seule ?
Odrey Shima : Je suis en autoproduction, ce qui signifie que je suis une artiste indépendante. Je travaille avec une maison de production pour connecter les beatmakers et les producteurs sur mes projets. Au niveau de ma promotion, mon équipe est assez changeante, je la construis petit à petit, ah ah.
Aurèle ZELY : Comment décrirais-tu ton processus créatif ?
Odrey Shima : Tout d’abord, j’écris mes textes sans penser à la musique. Ensuite, je vais en studio pour créer un beat avec un producteur. Il m’arrive aussi de partir d’une production pour ensuite créer des toplines qui m’inspirent pour l’écriture de mes morceaux.
Aurèle ZELY : En combien de temps produis-tu une chanson ?
Odrey Shima : La création d’une chanson peut me prendre environ une heure dans mon studio personnel aménagé, ou trois quarts d’heure en studio avec un beatmaker. Cela dépend de mon inspiration du moment, du style du morceau que je veux faire… On retravaille aussi beaucoup les morceaux dans le processus, ce qui peut allonger le temps de création.
Aurèle ZELY : Tu es une artiste mêlant Afro et RnB, avec des influences congolaises. On le ressent beaucoup dans des morceaux comme Valaba en feat avec Stone ou Sima. C’est important pour toi de mettre en avant ta culture ?
Odrey Shima : Absolument ! La musique congolaise fait partie des plus riches au monde. La rumba et le ndombolo sont des styles qui ne mourront jamais. Certaines chansons datant de plus de 40 ans sont toujours écoutées, ce qui est assez rare, sauf pour les grands artistes comme Michael Jackson. Je suis très proche de mes racines. Le Congo est la source de ma manière de chanter. Même mes chansons RnB sont influencées par la musique congolaise, je ne peux pas y échapper, quoi que je fasse !
Aurèle ZELY : Qu’est-ce qui te procure le plus de plaisir : travailler en studio ou être sur scène ?
Odrey Shima : Être sur scène ! C’est assez stressant, mais avec l’expérience, j’ai appris à être à l’aise. C’est incroyable de voir les gens chanter tes chansons. Même quand ils ne connaissent pas les paroles à 100 %, ils assimilent vite les refrains. Il y a une communion unique qui se crée dans ces moments-là. En juin de cette année, je me suis produite au festival Couleur Café, et c’était magique. L’expérience en studio est différente : j’aime y être pour le processus créatif, mais je suis vraiment moi-même sur scène.
Aurèle ZELY : Tu parles beaucoup d’amour, et plus particulièrement de déceptions amoureuses, notamment dans Rancœur et Sans toi. Pourquoi ce thème en particulier ?
Odrey Shima : Mmh, je parle d’amour de manière générale, que ce soit dans ses aspects positifs ou négatifs. Je peux aussi aborder un amour plus large : fraternel, entre amis, ou envers la famille. Il faut dire que ces deux morceaux datent de plusieurs années. J’ai écrit Rancœur il y a six ans, et Sans toi il y a trois ans. Ces chansons racontent des histoires que j’entendais autour de moi à l’époque, et des expériences que j’ai pu plus ou moins vivre aussi. Pour moi, il est important de parler de toutes les facettes de l’amour.
D’ailleurs, l’histoire derrière la création de Sans toi est intéressante. Pendant la pandémie, j’ai participé à une résidence organisée par la maison de disques avec laquelle je travaille. En trois jours, plusieurs beatmakers se sont succédé, certains assez éloignés de l’afro. Pendant cette résidence, j’ai beaucoup expérimenté et suis sortie de ma zone de confort en explorant des styles différents. Mais le dernier jour, le dimanche, je voulais revenir à l’afro.
À cette période, j’écoutais beaucoup l’artiste nigériane Niniola, qui m’a beaucoup inspirée pour Sans toi. C’est à ce moment-là que la chanson est née. Cette résidence a vraiment été une belle expérience. Être entourée de musiciens, beatmakers et producteurs pendant plusieurs jours m’a beaucoup aidée dans mon développement artistique. Par exemple, je suis soprano, mais pour ce morceau, j’ai exploré une voix alto, comme celle de Whitney Houston, qui est, sans me vanter, l’une de mes inspirations. Cette expérience m’a vraiment poussée hors de ma zone de confort.
Aurèle ZELY : En parlant de Whitney Houston, pourrais-tu citer d’autres influences ?
Odrey Shima : Dans le gospel américain, Tasha Cobbs est une grande référence pour moi. Du côté congolais, L’Or Mbongo et Nathalie Makoma me viennent immédiatement à l’esprit : je les écoute depuis toute petite. J’ai aussi été influencée par Beyoncé, surtout à l’époque des Destiny’s Child. Ce groupe m’a vraiment donné envie de faire de la musique.
Les Atalakus que l’on retrouve dans la rumba et le ndombolo sont également une source d’inspiration. Des artistes comme Werrason et Koffi Olomide m’ont marquée par leur présence scénique et leurs chorégraphies impressionnantes. Enfin, la première chanteuse africaine qui m’a vraiment frappée est Yemi Alade. Je respecte énormément son parcours.
Aurèle ZELY : Pour finir, qu’est-ce que tu prépares pour la suite ?
Odrey Shima : De nouveaux morceaux sont en préparation pour fin 2024/début 2025. D’autres gros projets sont également en cours, mais je ne peux pas en dire plus pour l’instant !
*Enumération de noms de personnalité dans la musique congolaise et africaine d’une manière plus large