Retour sur la semaine africaine à l’Unesco

6/12/2023

La semaine africaine à l’Unesco vient de se terminer, retour sur une semaine riche en culture, discussion et partage autour de la question de « l’éducation, la culture et la science dans le développement des échanges intra-africains » à travers la promotion de projets entrepreneuriaux, de danses ancestrales ou encore d’artistes africains.

Le but de cette édition 2023 de la semaine africaine au sein de l’Unesco était de « mettre en exergue la contribution des secteurs de la culture et des sciences, notamment les nouvelles technologies, dans la promotion des échanges entre les pays africains, particulièrement dans le domaine du commerce, à l’aune de l’entrée en vigueur de la AFCFTA (accord qui permet une zone de libre-échange continental africain) » selon le communiqué de presse officiel fourni par le groupe Afrique de l’Unesco.

Pour permettre cette mise en exergue,

Tout d’abord, plusieurs conférences ont eu lieu, dont celle du mardi 6 juin 2023 autour de l’éducation et l’innovation technologique comme facilitateurs du commerce intra-africain.

Lors de cette conférence, plusieurs points ont été soulignés grâce aux deux panels d’intervenants comme particulièrement l’importance de l’éducation et la santé publique dans le développement économique et commercial du continent africain ainsi que dans le renforcement des échanges intra-africain qui restent encore peu nombreux.

En effet, comme l’a souligné, Fatiha Radjabou (autrice et enseignante agrégée) les exportations intra-africaines ne représentent que 32 % des exportations effectuées sur le continent (selon la Banque Mondiale). Cela montre qu’il y a encore du chemin à parcourir pour permettre au commerce intra-africain de fortement se développer et accroître vitesse « grand v » le développement et la croissance économique sur le continent.  

Pour Ismaël Daoudi, « aucune industrie ne peut prospérer longtemps sans les piliers que sont l’éducation et la santé publique ». Effectivement, la pandémie de la Covid est un exemple criant de l’importance de la santé public au sein de l’économie mondiale actuelle. Tout ce raisonnement renforce l’idée du lien intrinsèque entre éducation dans toutes ses formes, santé publique et économie. Mais, il est essentiel de ne pas oublier l’apport de la paix dans tout ce processus de développement des échanges intra-africain. Oui, la paix est une part importante des fondations permettant le développement et la croissance économique des pays africains ainsi que de l’accroissement des échanges intra-africains. En effet, il est clair que sans la paix, l’accroissement commercial est impossible sur le continent.

Fatoumata Kébé, l’une des co-fondatrice de l’institut virtuel « Beauté Inée »

Ensuite, plusieurs jeunes entrepreneurs sont venus présenter, exposer leurs projets et commerces innovants permettant le développement des échanges intra-africains et la promotion des entrepreneurs africains ou faisant partie de la diaspora africaine grâce notamment à l’utilisation des nouvelles technologies comme l’intelligence artificielle. En effet, le « premier institut virtuel et espace spécialisé au soin de la peau », Beauté Inée, est un bon exemple. Beauté Inée est institut permettant grâce à l’intelligence artificielle des diagnostics virtuels ayant pour but d’aider tout un chacun à prendre soin de sa peau. L’institut virtuel accompagne chacun de ses clients dans la création de sa routine beauté adaptée à son type de peau.

Ce projet innovant a été développé et mis en place par les sœurs Kébé qui sont actuellement incubées à L’Escalator et sont résidentes à Station F en tant que Start-up.

Exposition « les pères de l’indépendance de la RDC » de Gaël Mutombo Ngalula présenté à l’UNESCO par Africa By Art

Puis, la culture est entrée en scène à travers l’exposition de nombreuses œuvres comme celle nommée « les pères de l’indépendance de la RDC » de Gaël Mutombo Ngalula présenté à l’UNESCO par Africa By Art. La présentation de cette série de tableaux permet de mettre en lumière l’importance de l’apprentissage de l’histoire dans ce processus de développement des échanges puisque sans elle, les relations peuvent-être biaisées et extrêmement inégales.

Dans cette promotion de la culture, la mode a son rôle à jouer puisque c’est l’une des formes d’échanges plus simples à développer. À travers la mode, on permet les échanges culturels autour des matériaux utilisés, notamment le raphia, mais on permet aussi les échanges commerciaux intra-africains et externes au continent. Pour mettre en lumière la grande palette des créateurs africains présents lors de cette semaine africaine, un défilé a été organisé en clôture de la seconde journée.

FASHION
FASHION SHOW
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FASHION SHOW

Il ne faut pas oublier dans cette promotion culturelle, l’apport essentiel des arts ancestraux comme la « danse chokwe » et les musiques ancestrales du nord de l’Angola que l’on a pu entrevoir grâce à un live art au cours de cette semaine africaine.

Live art : «  Chokwe – Marimba d’Angola »

Les chokwe ont vécu en Angola Oriental ainsi qu’au Congo et en Zambie. Ils finirent par dominer les peuples Lundas et développer toute une société et de nombreux moyens d’expression dont la danse, les masques de danse, des instruments de musique et autres arts africains. Selon Ana Clara Guerra, danseuse et chorégraphe de danse contemporaine angolaise, « le langage corporel des masques de danse Mwana Po et Chihongo » sont « des structures de communication capable de soutenir une mémoire collective ».

Enfin, nous avons eu, le vendredi 9 juin, une soirée de clôture à la hauteur de cette édition 2023 mettant sur le devant de la scène, encore une fois, la culture africaine dans sa diversité à travers la prestation de nombreuses artistes comme Krystie Diamonds & Aimélia Lias pour la République démocratique du Congo, une troupe de danse Kizomba pour l’Angola ou encore le rappeur sénégalais Simon Bisbi Clan qui est d’ailleurs revenu sur la situation chaotique dans laquelle se trouve confrontée la jeunesse sénégalaise actuellement…

Au début de cette semaine africaine, le but était clair pour le Groupe Afrique de l’Unesco : « mettre en exergue la contribution des secteurs de la culture et des sciences, notamment les nouvelles technologies, dans la promotion des échanges entre les pays africains, particulièrement dans le domaine du commerce », forcée de constater qu’effectivement plusieurs secteurs artistiques ont été mis en avant pour leur contribution directe ou indirecte dans la promotion des échanges intra-africains, ce fut de même pour les sciences technologiques. Mais, on peut se demander si les réflexions mises sur la table, cette semaine, vont réellement porter leur fruit. On peut aussi se demander si, dans un continent en proie à tant d’instabilité militari-étatiques, les réflexions menées autour de l’importance de l’éducation, des sciences et de la culture dans le développement économique sont réalistes et réalisables. On peut également se demander si dans un continent faisant face à de tels conflits, les politiques éducatives, culturelles et scientifiques en faveur des échanges intra-africains permettant le développement et la croissance économique des pays africains pourront vraisemblablement être mis en place.

Il est clair que cela semble pour l’instant une semi-utopie tant le continent peine à se stabiliser, notamment en Afrique centrale et en Afrique de l’Ouest.

Queen SUNDA PEDRO