Dans le Nord-Kivu, les combats ont repris de plus belles entre le M23 et la FARDC ( armée congolaise) depuis le 23 Mai après une accalmie. A savoir que ces combats entre le mouvement rebelle Tutsi et l’armée congolaise sont récurrents depuis la fin de l’année dernière et que selon le communiqué du Bureau des affaires humanitaires de l’ONU(OCHA), plus de 26 000 personnes se sont enfuis depuis le 22 Mai.
La réapparition de ce mouvement est justifiée par le non-respect par Kinshasa des engagements sur la démobilisation de ses combattants.
Depuis Kinshasa et Kigali se renvoient la balle et la tension monte pendant que les organisations internationales appellent à la paix entre les deux pays limitrophes.
Retour sur ces derniers jours de conflits :
Tout d’abord, le 23 Mai, le Rwanda a accusé l’armée congolaise d’avoir tiré des roquettes vers lui, blessant ainsi plusieurs civils et a annoncé avoir saisi la MCVE (organisme régional qui surveille et mène des enquêtes sur les incidents de sécurité dans la région volatile des Grands Lacs). A son tour, l’armée congolaise a annoncé que le « le gouverneur militaire du Nord-Kivu et commandant des opérations » a également « saisi » la MCVE.
Ensuite, le 25 Mai, le Vice-Premier Ministre congolais et ministre des affaires étrangères, Christophe Lutundula, a condamné publiquement et sans hésitation le soutien du Rwanda dans les attaques des positions de l’armée congolaise par le M23.
Puis, le 26 Mai, le ministre de la communication et porte-parole du gouvernement congolais, Patrick Muyaya, a dit après la réunion de crise de la primature qu’ « il est établi » que « suivant les éléments que nous avons reçu du terrain, qu’en tout cas des soupçons se cristallisent sur un soutien qu’aurait reçu le M23 de la part du Rwanda. A ce propos, nous avons activé le mécanisme de suivi ». En d’autres termes, le gouvernement congolais affirme que Kigali soutient sciemment le mouvement rebelle du M23. Christophe Lutundula va même plus loin puisqu’il affirme que le « Rwanda a attaqué la RDC ».
De son côté, le Rwanda affirme et persiste pour lui, le conflit entre la FARDC et le M23 est un « conflit intra-congolais ». La porte-parole du gouvernement rwandais, Yolande Makolo, ajoute ceci « Le ministre des affaires étrangères de la RDC devrait expliquer pourquoi les FARDC combattant aux côtés des FDLR/Interahamwe dans leurs rangs ont bombardé le territoire rwandais le 19 mars et à nouveau le 23 mai ». Kigali rejette donc toute implication dans ce conflit et se place en victime collatérale.
À l’échelle internationale, les condamnations tombent, notamment de la Belgique et de l’Espagne tandis que les États-Unis exigent une enquête et des sanctions « contre les responsables ».
Macky Sall, Président du Sénégal et de l’Union africaine a pris la parole sur Twitter en appelant au calme : « Je suis gravement préoccupé par la montée de la tension entre le Rwanda et la RDC.J’appelle les deux pays au calme et au dialogue pour la résolution pacifique de la crise avec le soutien des mécanismes régionaux et de l’Union Africaine »
Par la suite , le 28 Mai, lors du Conseil Supérieur de La Défense,le gouvernement congolais a décidé la suspension de tous les vols rwandais à destination de la RDC, de considérer le M23 comme un groupe terroriste ainsi que la convocation de l’ambassadeur rwandais Vincent Karega « pour lui exprimer » leur « désapprobation ».
Le même jour, le Rwanda communique officiellement et annonce que deux de ses soldats auraient été enlevés par l’armée congolaise. Une information confirmée par l’armée congolaise, quelques heures plus tard.
Le lendemain, le ministre des affaires étrangères du Rwanda, Vincent Biruta a rappelé dans un long communiqué qu’il était préférable pour la RDC « d’observer un bon voisinage » avec le Rwanda et de « désamorcer sa rhétorique » à son encontre.
De son côté, le gouvernement congolais n’exclut pas de rompre les relations diplomatiques avec le Rwanda ou encore d’expulser son ambassadeur Vincent Karega, si la situation l’y oblige.
Enfin, le 31 Mai, se déroule la réunion des Nations Unies concernant la situation dans l’est de la RDC. De cette réunion , aucune décision concrète n’en sort si ce n’est le soutien d’un appel au calme et la poursuite du processus de Nairobi ( échanges entre la RDC et les différents groupes armés). Sauf que le M23 refuse catégoriquement d’y participer.
Selon Stanis Bujakera Tshiamala, journaliste congolais, Félix Tshisekedi a, à la demande de João Lourenço,Président angolais, accepté la libération de deux soldats rwandais détenus dans un contexte de montée des tensions entre Kinshasa et Kigali, annonce les services du Président Angolais. « La mesure vise à aider à réduire la tension ».
RWANDA IS KILLING : La nouvelle lutte de la diaspora congolaise
Dans un premier temps, depuis la dernière incursion du M23 dans l’est du pays, la colère gronde au sein de la diaspora encore plus que lors de ces dernières années. En effet, l’hashtag « Rwanda is Killing » prend de l’ampleur et devient progressivement l’étendard de la colère d’un peuple face à un État voisin perçu comme agresseur.
A travers, ce mouvement, la diaspora demande la fin des relations diplomatiques avec le Rwanda, ainsi que l’arrêt de la coopération entre l’Etat rwandais et des grands clubs de football comme le Paris Saint Germain ou encore Arsenal puisque sponsorisés par « Visit Rwanda ». En d’autres termes, les congolais d’ici et d’ailleurs exigent le boycott pur et simple de tout sponsor Rwandais.
Dans un seconde temps, pour donner du poids à leur mouvement les congolais du monde entier tentent d’attirer l’attention du plus grand nombre par le biais de ce fameux hashtag « #RwandaisKilling », la préparation de manifestations dans les grandes villes d’Europe, le 10 Juin, celui d’un sit-in le 2 Juin à Kinshasa ou encore en interpellant des influenceurs de la diaspora congolaise sur leur lien avec les sponsors et lobbies rwandais.
Ce fut notamment le cas pour l’influenceur français Jaymax qui a été épinglé pour son voyage au Rwanda très récemment.