Sans dignité, il n’y a pas de liberté, sans justice, il n’y a pas de dignité, et sans indépendance, il n’y a pas d’hommes libres.
Patrice Lumumba
Ce samedi 18 novembre, une marche pacifique a été organisée dans le 19ème arrondissement de Paris par le collectif Lisanga Bana Mboka, “association des enfants du pays” en lingala.
L’événement a débuté avec une heure de retard, mais les esprits étaient déjà concentrés. Un bruit sourd se faisait entendre sous cette pluie battante Place du colonel Fabien. Des drapeaux de la République Démocratique du Congo étaient déjà en place. Certains passants demandent le but de cette marche : la guerre. Selon l’ONG International Rescue Committee, cette guerre aurait déjà causé plus de 5,4 millions de morts rien que sur la période 1997-2008. Pendant 30 ans, la population de l’est congolais a subi des exactions de la part de différents groupes armés. Viol et meurtres de masse sont devenus monnaie courante dans cette région. Le M23, un groupe armé soutenu par le gouvernement rwandais, est l’un des belligérants.
La marche commence à 14h40. Les organisateurs du cortège, qui devait aller de la Place du colonel Fabien à la place de la bataille de Stalingrad, ordonnent dans un premier temps de marcher en silence. Le public se met en marche mais très vite, un slogan, un cri se fait entendre :
“LIBÉREZ LE CONGO, LIBÉREZ LE CONGO”
Le silence n’a pas duré. Les centaines, voire les milliers de personnes présentes se sont exprimées pour faire part de leur ressentiment, de leur frustration face à la situation de leur pays. Deux voitures de police étaient là pour les escorter et éviter tout débordement. Mais il n’y en aura pas. La foule est restée “professionnelle” du début à la fin. Ni les tam-tams ni le bruit des rames de métro n’ont perturbé la foule. Au contraire, elle a été revigorée en voyant des habitants d’immeubles brandir des drapeaux congolais par-delà leurs fenêtres, comme pour montrer que le combat du Congo, le combat de la liberté, est celui de tous.
La foule a bénéficié du soutien d’artistes tels que Naza, Gradur, Mokobé. La militante Assa Traoré était également présente. Ce qui frappait, c’était également le nombre de jeunes participants. La moyenne d’âge ne dépassait pas 25 ans. On pouvait lire la fierté dans leurs regards, celle de reprendre le flambeau d’un combat que leurs parents portaient déjà dans les années 80-90.
Les 40 bénévoles de l’association responsable de la marche ont montré une résilience et une combativité à toute épreuve malgré la pluie, le vent et la foule qui grossissait à vue d’œil.
Paris a vu le Congo ce samedi. Pas dans le cadre d’un match de foot, mais dans un sujet plus sérieux qui concerne une thématique commune à tous les êtres humains : la vie. Alors que les regards sont tournés vers la guerre tragique qui perdure au Moyen-Orient, la RDC ne doit pas être laissée à l’écart de l’histoire moderne. Trop souvent, cela se produit, surtout lorsqu’il s’agit de l’Afrique. Cette marche visait à alerter le monde et à sensibiliser chacun.
Alexandre Foumangoye